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Oraison funèbre

de Monsieur Jean-Claude PERREE

prononcée par Jean-Manuel COUSIN

le lundi 28 novembre 2016 en l’église de Saussey

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Son œil malin et son sourire en coin se sont éteints.

Une silhouette robuste s’éloigne. Sa chevelure se fond dans la grisaille de son mois de naissance.

Novembre l’aura vu naître, novembre l’aura vu disparaître.

 

Jean-Claude PERREE s'en est allé jeudi au petit matin entouré des siens, entouré de ceux qu'il a aimés, de ceux qu'il a élevés.

 

Ce passionné de la nature a creusé son sillon en transmettant des valeurs solides, celles de l'engagement, l'engagement au service de la collectivité et au service des siens.

 

Le football, la politique et sa famille auront été le triptyque de son existence.

 

Jean-Claude était un homme de convictions, convictions assumées qu'il ne cachait pas, convictions qui ont fait de lui un homme engagé.

 

Fier des valeurs auxquelles il croyait, il les défendait sans relâche y compris parfois auprès des militants de l'autre rive.

Il les respectait. Il les respectait justement parce qu'il considérait que leur engagement était aussi noble que le sien.

 

Parfois, son tempérament le poussait à une légère pointe de provocation immédiatement saisissable à l'éclat de son œil malin. Pour le plaisir, juste pour le plaisir d'animer une conversation dont l'épilogue se nouait irrémédiablement autour d'un verre de l'amitié.

 

Jean-Claude avait le sens du code vestimentaire.

 

Lorsqu'il se rendait au tribunal de commerce, il enfilait systématiquement le costume de conseiller prud'homal.

 

Lorsqu'il donnait son temps au club de football de Coutances, il revêtait le survêtement de l'Entente Sportive.

Jean-Claude était un homme de passions, passions assumées qu'il revendiquait, passion du bénévolat qui a fait de lui un acteur incontournable de la direction du club Coutançais.

 

Un bénévole dévoué et discret lorsqu'il s'attribuait le rôle de chauffeur des jeunes footballeurs ou de l'équipe fanion.

 

Mais Jean-Claude pouvait se laisser aussi déborder par son éternel enthousiasme.

 

Militant ou supporteur, la signification est sensiblement la même.

Des dizaines de fois assis sur le banc de touche, nous avons souri à ses réactions tonitruantes qui raisonnaient dans la tribune, des réactions parfois empreintes d'un soupçon de mauvaise foi.

 

Après la rencontre, il l’admettait sans fard avec ce même sourire au coin des lèvres.

C’est ce que nous aimions chez cet homme direct et franc.

 

Mais ce que j'ai le plus admiré, ce qui m'a le plus touché, c'est la tendresse de son regard qui se posait sur son épouse Suzanne, l'amour, tout aussi infini que pudique, qu'il avait pour Laure et Nicolas, et la complicité qu'il aura nouée avec chacun de ses petits-enfants.

 

Jean-Claude se comportait en patriarche à la tête d’une famille soudée, socle de son existence. Il aura accueilli comme ses propres enfants, Mickaël et Estelle ou encore Hadrien comme l’un de ses petits-enfants.

Il était si fier des relations de sa Suzon avec ses petites-filles, Marine et Alice, heureux de ses promenades en bateau avec les siens et de ses baignades avec Jeanne à Hauteville, ses yeux brillaient encore lorsqu’il accompagnait Enzo, Jean et Nicolas au foot ou lorsqu’il asseyait Léopold au volant de son tracteur.

La dignité était un mot qu’il ne prononçait pas mais qu’il avait érigé en principe de vie.

Jean-Claude ne parlait pas de ses souffrances.

Jusqu’au bout, il a souhaité transmettre ses valeurs aux siens. Celles qui consistent à prendre conscience que la famille est le pilier d’une existence et  que les passions vous élèvent.

Il aura écrit une histoire avec chacun de ses petits-enfants, construit une complicité rare comme celle qui l’unissait à Jeanne.

Ces deux-là partageaient le même combat, celui qui consiste à se battre avec détermination sans le dire et effacer le mal par le sourire.

Jean-Claude n’était pas spectateur de sa vie. Il en était l’acteur.

Jusqu’au bout, il aura décidé de son existence avec lucidité.

Lui qui aimait les voyages en camping-car, il savait que le moment était pour lui de partir.

Une dernière fois, il aura été fidèle à son triptyque de vie.

Dimanche, comme un artiste qui fait sa tournée d’adieux, il a accompli son devoir civique puis il a assisté à son dernier match de football.  

Et c’est entouré de ce qu’il a construit, sa famille, son socle d’existence, qu’il s’en est allé paisiblement, avec sans doute le sentiment du devoir accompli.

Son œil malin et son sourire en coin se sont certes éteints.

Mais, ici, au premier rang, n’oubliez jamais que vous êtes l’œuvre de sa vie.

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